SEGUR de la santé. Où en sommes-nous 2 ans après ?

30/09/2022
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Olivier HELENON, Présient du SRH

Focus sur les carrières hospitalières

Dans une lettre aux candidats à la Présidence de la République, le SRH et le CERF ont proposé un plan d’action pour la Radiologie (retrouvez la lettre sur notre nouveau site : https://www.srh-info.org/nos-informations#publications). Parmi nos 10 propositions d’action, les objectifs d’attractivité des carrières hospitalières, d’évolution vers une autorisation de soins en imagerie diagnostique et interventionnelle, d’organisations territoriales de la Radiologie et de sa PDS, ou encore de déploiement de nos systèmes d’information, font l’objet de certaines avancées dans le cadre du SEGUR et des travaux sur les régimes d’autorisation (dont les décrets viennent d’être publiés) initiés en 2020 et 2018 respectivement. Le SRH, au sein de nos organisations multi-catégorielles (SNAM-HP et Alliance Hôpital) et du Conseil Professionnel National de la Radiologie (G4), était en première ligne pour la défense de ces objectifs.

Où en sommes-nous aujourd’hui ? Quelle feuille de route pour les années à venir ? Faisons le point pour nos propositions d’action sur les carrières parmi les plus essentielles pour la radiologie hospitalière.

Revaloriser les salaires des radiologues hospitaliers, dont près de 50% des postes sont vacants, ce qui met désormais en péril le fonctionnement de nombreux hôpitaux et pénalise des catégories grandissantes de patients.

Parmi les différentes mesures initiées dans le cadre du SEGUR de la santé en matière de « transformation des métiers et revalorisation des soignants » (Pilier 1), les accords signés par une majorité d’organisations syndicales réforment la grille indiciaire de PH qui bénéficie de la suppression des trois premiers échelons et de la création de trois échelons supplémentaires en fin de carrière. L’impact d’une telle mesure d’attractivité est limité à l’entrée dans la carrière (et la sortie) sans éviter les départs avec, au contraire, un impact négatif sur la majeure partie des praticiens engagés dans la carrière dénonçant une inégalité de traitement. De nombreux recours gracieux (CNG) et contentieux déposés auprès des tribunaux administratifs sont aujourd’hui suspendus à la décision du Conseil d’Etat. Une évolution des textes est nécessaire pour une véritable avancée dans l’attractivité de la carrière et la fidélisation des praticiens. Notre présence au sein du comité de suivi du SEGUR qui doit reprendre ses travaux, doit nous permettre de défendre cette position.

Concernant le statut de praticien titulaire, plusieurs évolutions contribuent à l’attractivité du métier et à favoriser la mixité d’exercice: revalorisation de l'indemnité d'engagement de service public exclusif; création d’un statut unique de praticien hospitalier avec simplification de l’entrée dans la carrière et modulation de la quotité de travail tout au long de la carrière, permettant de passer d’un temps partiel (entre 50 et 90%) à un temps plein sans obligation de mutation; cumul d’un emploi hospitalier avec l’exercice d’une activité privée lucrative à l’extérieur de l’établissement (entre 50 et 90 %) ou à l’intérieur (à partir de 80%) qui est facilité ; reconnaissance d’une valence non clinique dans le temps de travail. Les organisations territoriales de radiologie (en réponse aux problèmes démographiques des établissements les plus en difficulté) permettant d’apporter un complément de rémunération dans le cadre d’activités programmées ou de la PDS, constitue également un levier d’attractivité que nous devons promouvoir.

Créer des postes hospitalo-universitaires attractifs pour la Radiologie, notamment pour les radiologues interventionnels afin de développer et mieux diffuser les thérapeutiques mini-invasives qui facilitent l’ambulatoire, diminuent les durées de séjour, réduisent les dépenses de santé et sont une voie d’avenir.

Pour les carrières HU, parmi les axes d’évolution identifiés, un meilleur accompagnement à l’entrée dans la carrière, conforter l’engagement dans la carrière de HU et assouplir le cadre statutaire d’exercice, sont des leviers d’attractivité importants dont les mesures sont en voie de concrétisation. Elles doivent néanmoins s’accompagner d’une indispensable revalorisation salariale et d’une réforme du régime de retraite des HU insuffisamment compensée par le dispositif de retraite facultatif par capitalisation avec abondement hospitalier mis en place en 2006.

Attirer et fidéliser les manipulateurs en radiologie, nos plus proches collaborateurs, en respectant et valorisant leur savoir-faire notamment en scanner, en IRM et en radiologie interventionnelle.

Face à une crise démographique sans précédent et à un défaut croissant d’attractivité des carrières hospitalières, la revalorisation des grilles des salaires des personnels soignants et professionnels médicotechniques issues du SEGUR reste très insuffisante au regard des offres dans le secteur privé. Il est urgent de généraliser et intensifier les leviers d’attractivité à l’embauche (financement de la formation, prime d’engagement, logements, ...), de revoir à la hausse les grilles indiciaires, de travailler sur la qualité de vie au travail et des solutions organisationnelles, y compris à l’échelle du territoire, faciliter le recrutement de manipulateurs européens dont l’embauche est entravée par une maquette de formation française englobant les trois métiers de manipulateur d’électroradiologie médicale. Sur un plus long terme, il est indispensable d’augmenter nos capacités de formation bien au-delà des 9% de progression récente et de mieux faire connaître la profession et sélectionner les jeunes candidats afin d’éviter les très nombreux abandons en cours de cursus et réorientations vers d’autres métiers.

Malgré les nombreuses mesures mises en œuvre ou en voie de concrétisation dans le cadre du SEGUR, de telles avancées ne répondent que partiellement à nos objectifs d’attractivité et surtout de stabilisation des professionnels dans une carrière adaptée, mieux valorisée, préservant la qualité de vie au travail. La situation démographique des manipulateurs est un sujet particulièrement sensible que nous devons traiter en priorité tout en engageant une réflexion sur l’évolution du métier et notamment des coopérations, à plus long terme, en lien avec le G4 et le Conseil National Professionnel des manipulateurs (CNPMEM).

Au nom de notre nouveau bureau, je vous remercie d’avoir partagé ces quelques lignes et vous souhaite à toutes et à tous de très bonnes JFR22.