Reportage RI

06/10/2022
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Le robot en RI, futur meilleur ami de l’opérateur et du patient ?

Farah CADOUR, CCA Radiologie, CHU La Timone, Marseille

De l’endovasculaire au percutané, du cerveau au périphérique, la robotique en radiologie interventionnelle est sur tous les fronts. Offrant des résultats au minimum similaires au patient, le robot se soucie du bien-être de l’opérateur mais également permettrait à plus long terme de répondre aux besoins d’opérateurs dans des zones en pénurie médicale.

Dans la première salle, bien assis confortablement aux commandes à l’abri des rayons, l’opérateur embolise tranquillement un anévrisme intracrânien. Dans la deuxième salle, après avoir prédéfini le trajet et la position des aiguilles (avec également proposition de placement selon le volume tumoral), l’opérateur n’a plus qu’à rapidement avancer ses aiguilles à la garde pour débuter la destruction percutanée. Voilà à quoi ressemblera peut-être le bloc de RI de demain ; avec la promesse des différents dispositifs de robotique disponibles en cours d’expansion.

Pour la navigation automatisée endovasculaire, la reproductibilité des mouvements élémentaires mais également la combinaison de mouvements combinés ou d’outils supplémentaires (ex. précision d’angulation, point fixe automatisé) permettraient des résultats similaires à ceux réalisés manuellement par l’opérateur. Ceci offrirait une égalité des chances par une couverture territoriale plus large pour des gestes d’urgences (notamment en NRI) pilotés à distance : une rupture d’anévrisme en DOM-TOM piloté depuis la métropole ? Nous n’en sommes pas loin. Toutefois, la présence d’un opérateur sur place pour pouvoir reprendre la main reste à l’heure actuelle encore nécessaire notamment par contraintes techniques (ponction, absence de tri-axial possible). Une certaine expérience semble également de mise du fait de l’absence de « ressenti tactile » du cathétérisme, ce qui pourrait limiter les plus jeunes.

Cette limite « jeunes vs experts » semble au contraire ne pas poser problème concernant la navigation automatisée d’aiguilles. En effet, la précision opératoire (grâce notamment au monitoring respiratoire) serait similaire à la précision manuelle d’expert pour le placement d’aiguille dans le cadre notamment de destructions tumorales percutanées, et permettrait alors de démocratiser et standardiser la technique. La robotique par guidage optique permettrait également de cibler des lésions difficiles à voir (ex. visible uniquement sur un temps d’injection), de topographie aux trajectoires complexes ou à risque, en positionnant rapidement plusieurs aiguilles avec une précision millimétrique, tout en diminuant ainsi l’irradiation et le temps opératoire. La fusion d’images s’intègre également au flux de travail aussi bien pour la planification de la procédure que la vérification du traitement avec le calcul des marges autour de la lésion. La procédure est alors « presque déjà terminée » une fois la cible et les trajectoires validées ! Une des limites, inhérente toutefois à l’ensemble de la robotique (y compris à l’IA), est celle de la responsabilité ; limite qui ne semble pas être soulevée par les patients qui seraient au contraire avides de « se faire opérer par un robot ».

Alors, le robot futur expert interventionnel, compagnon du couple médecin/patient ? Nous n’en sommes pas loin !