Lydie Lemoine, Cadre de santé ; Xavier Galus, Manipulateur principal
Institut de cancérologie de Lorraine, imagerie médicale, Vandoeuvre les Nancy, France
En 2015, le projet HYCOREMA (essai randomisé comparant l’apport de l’HYpnose COnversationnelle versus une prise en charge standard sur l’anxiété des patientes lors d’un REpérage MAmmaire préopératoire en échographie) a obtenu le prix Recherche SFR/AFPPE délivré chaque année pendant les JFR.
Le projet visait à confirmer en deux ans l’hypothèse selon laquelle l’hypnose conversationnelle réduisait l’anxiété des patientes pendant la prise en soin d’un repérage mammaire sous échographie. Il fut aussi le deuxième PHRIP (programme de recherche infirmier et paramédical de la DGOS / 2015) porté par un MERM.
HYCOREMA a ensuite vécu sa vie de projet de recherche, une vie semée de satisfactions et d’embûches.
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Figure 1. : Rappel du processus de prise en soin des patientes et des paramètres évalués (Anxiété et douleur patientes, ressenti manipulateurs et radiologues)
Débuté à 4 centres investigateurs en novembre 2016 après les démarches réglementaires obligatoires (ANSM, CNIL, CPP, …), il a finalement réuni 7 établissements français dans une recherche multicentrique, certains établissements ne parvenant pas inclure aussi rapidement qu’espéré. À l’issue de la période d’inclusion initiale de deux ans, un quart seulement des inclusions exigées étaient réalisées et une prolongation de la même durée a été autorisée.
Lorsque la moitié des inclusions préconisées furent enregistrées, une analyse intermédiaire a été commandée. Elle a infirmé l’hypothèse de départ, ce qui a clos les inclusions. Ce résultat ne correspond pas aux attentes que nous avions lors de la genèse d’HYCOREMA. Il permet en revanche de tirer de riches enseignements qui nous serviront à l’avenir et pourront servir à d’autres.
Cette évaluation a montré deux points majeurs qui ont conduit à l’invalidation de notre hypothèse :
Notre postulat de départ était surévalué, à savoir que l’anxiété juste avant l’examen était plus faible qu’imaginée.
Des biais que nous n’avions pas imaginés étaient apparus : une probable contamination positive entre les soignants, l’importance d’une prise en soin personnalisée avant les examens invasifs dans la réduction du stress et de l’anxiété (Sourzac et al, 2018 : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30767472/).
En toute fin de prise en soin, les patientes bénéficiaient d’un entretien semi-directif dont l’analyse nous réconforte dans notre rôle soignant. Les patientes expriment en effet une satisfaction indiscutable quant au comportement humain des personnes qui les ont accueillies.
Les résultats d’HYCOREMA devraient être publiés en 2022, clôturant ce PHRIP. Même si l’hypothèse de départ n’a pas été démontrée, ce projet de recherche soutenu par la SFR et l’AFPPE a permis d’améliorer notre communication collective, de former une équipe, de créer des liens avec d’autres établissements, de mettre en œuvre une action pluridisciplinaire (MERM, radiologues, psychologues, service de recherche clinique), tout cela en délivrant un soin de qualité aux patientes.
Nous en sortons en conséquence, et malgré l’invalidation de notre hypothèse, valorisés et fiers et appelons chacun à vivre ses rêves de recherche où l’on apprend aussi de nous-même.
