Ganglion et vaccination COVID-19 ou comment y voir clair !

27/09/2022
Text

Aurélie Jalaguier-Coudray
Institut Paoli-Calmettes, Marseille

La vaccination COVID est au centre de l’actualité. Les deux complications les plus fréquemment rencontrées sont mineures : la douleur au point d’injection et l’apparition de ganglions axillaires. Ces ganglions axillaires apparaissent entre J2 et J4 après l’injection, de façon homolatérale et peuvent persister jusqu’à 6 semaines. De nombreuses revues de la littérature décrivent ces deux complications. L’apparition de ganglions axillaires suite à la vaccination n’est pas une donnée scientifique nouvelle, propre au vaccin du Covid-19; plusieurs publications antérieures décrivaient également l’apparition de ganglions axillaires après une vaccination contre la variole, le BCG, l’HPV et autres. La vaccination entraine de façon physiologique une réaction immunitaire ganglionnaire ; le ganglion devient hyperplasique en histologie, c’est-à-dire que les centres germinatifs grossissent. En imagerie, un ganglion hyperplasique apparait avec un cortex épaissi. Autant il est simple pour l’anatomopathologiste de différencier un ganglion hyperplasique d’un ganglion tumoral, autant pour le radiologue, l’épaississement cortical est identique. Quelle conduite à tenir doit adopter le radiologue suite à l’apparition de ganglions axillaires après une vaccination ?

La découverte de ganglions axillaires suite à une vaccination est la plupart du temps fortuite, concomitante à la réalisation d’un examen d’imagerie. La conduite à tenir dépend des antécédents personnels du patient.

Lors d’un bilan dépistage mammo-échographique du cancer du sein, il est important de bien connaitre les conduites à tenir afin de ne pas inquiéter à tort les patientes. Les ganglions post-vaccinaux sont la plupart du temps de petite taille, au cortex épaissi, sans perte du hile graisseux, localisés dans les étages de BERG 1 et parfois 2.

-Si la patiente a un bilan mammo-échographique ACR1-2, et que le radiologue découvre des ganglions axillaires, avec une notion de vaccination récente (<6 semaines), du même côté que les ganglions, aucune surveillance ou biopsie complémentaire n’est à réaliser si la patiente n’a pas  d’antécédents personnels de cancer du sein (Figure 1). En revanche, si la patiente a un antécédent personnel de cancer du sein, une échographie axillaire de contrôle est à réaliser 6 semaines après la 2° dose vaccinale ; en cas de persistance des ganglions au-delà de 6 semaines, chez une patiente aux antécédents de cancer du sein, une biopsie ganglionnaire doit être réalisée.

Image

Figure 1 : Echographie axillaire retrouvant un ganglion de l’étage de Berg 1 au cortex épaissi en rapport avec la vaccination covid récente chez une patiente sans antécédent de cancer du sein. 

 

- Si la patiente a un bilan mammo-échographique ACR4-5 et des ganglions axillaires suspects homolatéraux à la lésion suspecte, un prélèvement ganglionnaire est indispensable d’emblée, indépendamment de la notion de vaccination.

Lors d’un bilan de surveillance cancérologique TDM ou TEP-TDM, la découverte de ganglions axillaires unilatéraux nécessite de rechercher un contexte de vaccination récente. Au TEP-TDM, les signes en faveur de ganglions réactionnels au vaccin sont des ganglions axillaires peu fixants, une hyperfixation au point d’injection du vaccin (muscle deltoïde) et une majoration de la fixation splénique. Au scanner, la présence de ganglions axillaires unilatéraux doit faire rechercher à l’interrogatoire du patient la notion de vaccination récente (Figure 2).

Image
Image

Figure 2 : Scanner thoracique retrouvant des ganglions axillaires droits étages de Berg 1 (a) et 2 (b) chez une patiente suivie pour un cancer colique traité et au antécédent récent de vaccination du côté droit.

  

-Si le patient est suivi pour un cancer à haut risque de rechute ganglionnaire axillaire (mélanome, tumeur osseuse maligne, sarcome des tissus mous localisé au thorax ou au membre supérieur, cancers ORL), une surveillance rapprochée par échographie axillaire à 6 semaines après la dernière injection doit être organisée dans un contexte de vaccination récente. En cas de persistance des ganglions axillaires, une biopsie ganglionnaire doit être prévue.

-Si le patient est suivi pour un cancer à faible risque de rechute ganglionnaire axillaire isolée, et que les ganglions sont homolatéraux à la vaccination, avec un délai compatible, aucune surveillance n’est préconisée.

En conclusion, la découverte de ganglions axillaires en imagerie doit faire rechercher un contexte de vaccination récente afin de ne pas inquiéter et prescrire à tort des examens complémentaires.  

 

Références :

Becker AS. Multidisciplinary Recommendations Regarding Post-Vaccine Adenopathy and Radiologic Imaging: Radiology Scientific Expert Panel. Radiology 2021 Aug;300(2):E323-E327

Özütemiz C.  Lymphadenopathy in COVID-19 Vaccine Recipients: Diagnostic Dilemma in Oncologic Patients. Epub 2021 Feb 24.